Tout
le monde a le droit de se conduire parfois comme un imbécile, de s’octroyer
des vacances, ou comme disait Hergé: “ de prendre du jeu dans les rivets”
, ou ... “de grésiller du trolley” Et
pourtant...osons imaginer un quotidien dans lequel chacun se forgerait
son avis non pas en fonction des ouï-dire, du qu’en dira-t-on ou du
qu’en est-il dit, mais plutôt selon le ce que j’en pense, le ce que
j’en ressens, le ce que j’en sais tout en voulant savoir plus !
Le discernement, ne serait-ce pas aussi le droit de se tromper, et pouvoir
le reconnaître, celui de péter une durite sans voiler la culasse, ou
de s’offrir un coup lof sans risquer la trempette. Suggestions
pour la rentrée : “à entropie constante, l’enthalpie du système augmente-t-il
avec le discernement des éléments “, z’avez deux heures ! question subsidiaire
: “ l’entropie peut-elle baisser ? ” Suggestion pour le deuxième trimestre : “l’Art de Picasso est-il enthalpique ou entropique ? “ z’avez trois heures... ça ferait très bien dans les salons, à développer entre la poire et le fromage, ou entre les canapés et le caviar !! Blague mise à part, l’Art de Picasso réside-t-il dans l’évaporation du clair obscur, dans l’éclatement de la perspective renaissance, dans le symbolisme cru, dans la catalyse généralisée, ou en ce qu’il a permis la première étincelle entre l’art africain et l’art européen, en ce qu’il oblige le spectateur à recréer ses volumes, à penser en 3D, à penser autrement ? Bonne question ! Symptomatique
d’un art de vivre, discernement est souvent accouplé avec manque, s’adressant
à l’autre, bien sûr, à posteriori toujours, qu’on pourrait rapprocher
de ce que Coluche disait de l’intelligence, la chose la mieux partagée
au monde, vu que, quoi qu’on en soit pourvu, c’est avec qu’on en juge
!! Virtuose de l’exercice, voici l’homo avant-gardus, défini par le
nouveau credo , 11° commandement de l’ère moderne : “ tu ne verras et
ne feras que ce qui n’a jamais été !” , ou qu’importe l’ivresse, pourvu
qu’on ait le flacon. Quel
plaisir d’être un élu, mais quel travail aussi ! d’abord avoir tout
vu, ou du moins le faire croire, à défaut d’avoir tout fait, qui demande
malgré tout quelques compétences et quelques investissements personnels,
d’autant qu’un peu musculaire...! Etaler ses références n’est pas à
la portée de n’importe qui, et se faire rayer des cadres est si facile!
Il suffirait de trouver une originalité quelconque à quelque chose en
manifestant ainsi son inculture, machin-chose l’a forcément déjà fait!
Eviter tout d’abord l’erreur triviale : peindre avec un pinceau, parler
avec sa bouche, sculpter dans la matière, ou penser avec sa tête. Le
péché mortel, l’erreur suprême, la quintessence de l’insignifiance :
“ aimer une toile rectangulaire, accrochée au mur, utilisant la couleur
et travaillée au pinceau “, quoi que ce soit qu’elle exprime n’ayant
dès lors plus aucune importance. “Déjà fait”, amusant... combien de milliards de fois l’amour a-t-il été fait sur terre, combien de couchers de soleil, combien de pleines lunes rousses, combien de petites béatitudes, et pourtant chaque fois, ... L’humour de la situation, est que dans une société dont le moteur principal repose sur le nouveau à tout prix et la fuite en avant, cet avant-gardisme de façade n’est-il pas finalement que le simple reflet du mode social dominant? Ce qui est, par définition, l’essence du conservatisme. Et si, usant de notre discernement, nous cherchions ce qui différencie, ce qui fait le sel, ce petit pétillement du regard qui porte haut l’envie d’aller plus loin, le beurre dans les épinards. Le discernement : mieux que Wonder, ne s’use qu’en n’en usant pas ! Francois Hameury |